vendredi 31 octobre 2008

Les élections vues de Philadelphie

Autant vous le dire tout de suite je ne sais pas qui gagnera mardi prochain. Je peux vous dire qu’à la télévision et dans la rue c’est surtout d’Obama qu’on entend parler ici. Les démocrates convaincus et les blacks vont voter pour Obama, c’est clair, mais après ? Les sondages donne aussi la victoire à Obama, ainsi que les Français… Vu les deux dernières expériences on peut espérer la victoire de McCain…

Il me semble important de rappeler quelques faits : les Américains ne vont pas se décider sur des paillettes, c’est des faits qui les font changer d’avis. On peut se demander pourquoi ceux qui ont donner la majorité à Bush en 2000 et en 2004, choisiraient Obama.

Donc les faits. Pour Obama : sa jeunesse, son style, son discours, le soutien des démocrates, des médias et des « stars ». Contre Obama dans son projet : son colistier -- je pense qu’il ne lui apporte rien, voir qu’il le dessert ; son inexpérience que tout le monde reconnaît, et son passé -- il est poursuivi par tout un tas de faits et de personnes qui mettent en avant son ancrage à gauche voir très à gauche, son colistier étant classé bien à gauche aussi, or les élections américaines se remportent au centre.

En ce qui concerne McCain, contre lui : son age, un style pas trop attirant, le fait qu’il succède à deux mandats républicains et que George Bush n’a pas une très bonne image. Pour McCain : l’image positive de sa colistière, la cohérence de ses propos, son passé de héros du Vietnam et d’homme politique indépendant, respecté et respectable. Il a notamment été au cœur des révolutions de velours qui ont démocratisés les pays d’ex-URSS (Ukraine et Géorgie notamment).

Pour ce qui est de l’impopularité de George W. Bush, en gros en 2000 et en 2004 on nous a déjà servi la même soupe, à savoir que Bush serait un extrémiste qui n’est populaire que chez une fraction d’Américains excessifs et ultra-conservateurs. On nous présente la politique de Bush comme un échec sur toute la ligne, la guerre en Irak comme un bourbier duquel il faut se retirer. Eh bien moi je ne suis pas du tout convaincu par ce discours. La plupart des Américains savent bien que Bush a plutôt réussit au niveau économique, que la crise actuelle n’est pas due à ses décisions, en fait les Américains savent bien que l’Etat ne dirigent pas l’économie aux Etats-Unis, et ne le veulent pas. Concernant la guerre en Irak je ne suis pas convaincu du tout que les Américains veulent partir, il faut se souvenir du traumatisme du Vietnam qui n’est pas si loin (et c’est un bon point pour McCain), beaucoup d’Américains n’ont jamais voulu la défaite et une majorité d’Américains n’a accepté le retrait que parce que cette guerre envoyait mourir des appelés qui ne le voulait pas. Aujourd’hui, d’une part l’armée américaine est composée de professionnels, mais le nombre de tués au combat est à peine plus élevé qu’en temps de paix, alors que deux guerres majeures se déroulent en Irak et en Afghanistan.

samedi 25 octobre 2008

John McCain héros de la guerre du Vietnam

John McCain était pilote de A-4 Skyhawk (bombardier) dans l’US Navy et participait à l’opération « Rolling Thunder », les bombardements stratégiques sur le Nord-Vietnam pour inciter celui-ci à renoncer à son aide au Vietcong, la guérilla communiste qui menait une guerre subversive au Sud. Il commença sur « tour of duty » au Vietnam en 1967, en juillet, il servait à bord du porte-avion Forrestal et a été au cœur du plus grave accident de l’US Navy, un incendie a failli faire couler le porte-avion. McCain se trouvait alors dans son avion armé et avec le plein sur le pont. Quand le A-4 s’est transformé en boule de feu, McCain a réussi à en sortir et à sauter plus loin où il a reçu des éclats lorsque les bombes de son Skyhawk ont explosées.


Mais ce n’était que le début des épreuves pour John McCain, le Forrestal n’étant plus opérationnel, ses pilotes volontaires rallièrent un autre porte-avion, l’Oriskany qui participait au bombardement d’Hanoï et dont les Squardons avaient subi de lourdes pertes. En effet Hanoï était alors protégée par des missiles SAM soviétiques et les avions de l’époques n’avaient pas de leurres et emportaient des bombes qu’il fallait larguer précisément sur l’objectif, quand celui-ci était un pont, comme dans le cas qui nous intéresse, cela équivalait à jouer à la roulette russe…


Le 26 octobre 1967, alors qu’il participait à sa 23ème mission de bombardement sur le Nord-Vietnam, son avion fut atteint par un missile qui détruisit son aile droite. Il s’éjecta et eut les deux bras et la jambe gauche fracturés lors de l’éjection. Prisonnier de guerre et fils de l’amiral commandant en chef de la marine pour le Pacifique, il eut un traitement « spécial » de la part des Vietnamiens qui essayèrent de l’utiliser, il fut maltraité et battu puis soigné, alternativement pour essayer de l’amadouer. Après cinq ans et demi passé dans les geôles nord-vietnamiennes sous un régime quasi-concentrationnaire, il est libéré le 14 mars 1973.Il garde à vie les marques des tortures et des mauvais traitements qu’il a subis.


Aujourd’hui il est l’un des hommes politiques américains qui a le mieux compris la guerre en Irak.

Philadelphia

Philadelphie est la sixième ville des Etats-Unis avec près de 1'450'000 habitants dans la commune (Philadelphia City) et quelque 5'950'000 habitants dans son aire métropolitaine (PMSA de Philadelphie–Camden–Wilmington). Surnommée Philly, c’est une ville de l'État de Pennsylvanie, située au nord-est des Etats-Unis, entre New York et Washington DC. Centre historique, culturel et artistique majeur aux États-Unis, Philadelphie est également un grand port industriel sur le fleuve Delaware qui se jette dans l’océan Atlantique. Fondée en 1682, elle fut au XVIIIe siècle la ville la plus peuplée des treize colonies avant de devenir pour un temps la capitale des États-Unis. A présent, Philadelphie est la principale métropole de l'État de Pennsylvanie, dont la capitale est Harrisburg. Enfin, le nom de la cité, choisi par William Penn, signifie « la ville de l’amour fraternel », car elle fut un îlot de tolérance religieuse et le berceau de la philosophie qui donna naissance aux Etats-Unis.

La ville est bâtie sur un plan en damier, avec des rues qui traversent toute la ville, orientées Nord/Sud, Est/Ouest. Au centre de la ville actuelle se trouve City Hall, la « mairie », à l’intersection de Market et Board Streets. En fait c’est un grand bâtiment carré avec une cours intérieure, style Second Empire, on entre dans cette cour par quatre portes qui donnent sur les rues, on peut s’y asseoir, il y a des tables, et il y a des accès aux stations de métro. La ville s’est développée des bords du fleuve Delaware vers l’Ouest, et la ville historique, dont Independence Hall où fut proclamée l’indépendance le 4 juillet 1776, se trouve à l’Est au niveau de la 5ème rue, les rues orientées Nord/Sud sont toutes numérotées et sont parallèles d’Est en Ouest sauf Board Street qui bien qu’elle soit parallèle aux rues numérotées porte un nom (pour le centre ville, car autour les rues porte des noms).

Juste à coté se trouvent des bâtiments de Temple University (la grande université de Philadelphie) et Thomas Jefferson University (qui est un hôpital universitaire). Dans la tradition américaine de diversité il y a une vingtaine d’universités à Philadelphie et pas vraiment de centralisation. L’université de l’Etat de Pennsylvanie c’est Penn State et elle se trouve au centre de l’Etat à quatre heures de route de Philadelphie.

Juste à coté de City Hall on peut accéder à Suburban Station, la gare, connectée au métro, aux trolley et aux trains régionaux, c’est la SEPTA qui gère tout ça. Mais ce n’est pas des trains que je veux parler maintenant, c’est de la gare, en fait c’est plus un centre commercial, un lieu où on peut manger, plein de bonnes choses, des pizzas, des salades, des hamburgers, des cheesesteaks, des cafés, des donuts, chinois, italien, japonais, mexicain, il y a pour tout les goûts, et on retrouve ces Food Courts un peu partout aux Etats-Unis, en général les tables sont mutualisés entre les différents restaurants, mais c’est pas toujours le cas.

Je vous parlerai prochainement de l’histoire de Philadelphie, de William Penn à l’adoption de la Constitution. Et des services publics américains, qui contrairement à l’idée reçue en France sont très développés mais pas du tout dans la même optique.

mardi 21 octobre 2008

Fishtown

Voilà déjà un mois que je suis ici, le temps passe vite. Depuis hier il fait plus froid la nuit, enfin jusqu’au 20 octobre il a fait aussi chaud, voir plus chaud, que l’été en France. Ici le quartier s’appelle Fishtown, un ancien nom qui rappelle que les Américains étaient des marins-pêcheurs. On est au Nord-Est de Philadelphie le long du fleuve Delaware, à 5 minutes il y a Port Richmond où se trouve le centre commercial, c’est le nom du port industriel sur le Delaware, mais je crois qu’il n’est plus trop en activité. La grande rue c’est Aramingo Avenue avec plusieurs restaurants et grandes surfaces.


A midi j’ai mangé pour $6.63 une grosse salade à Arby’s (une sorte de McDo) avec du fromage, du poulet, des pommes, du raisin et des cranberries. Et ensuite j’ai été à Dunkin’ Donuts prendre un café et un muffin pour $3.30 un grand café à la cannelle et un muffin aux myrtilles. Hier je suis allé à IHOP, ça fait déjà 3 fois que j’y vais, c’est la maison internationale des pancakes. La semaine dernière, pour $13 j’ai eu 3 pancakes, 3 saucisses, 3 tranches de bacon grillé (en fait c’est comme du lard chez nous), 2 oeufs et des pommes de terre râpées grillées. Hier, pour $20 j’ai eu 3 pancakes et une grosse Ceasar Salad que j’ai eu du mal à finir.


Toute la ville est constituée de rues qui se croisent à angle droit, ce qui fait que certaines rues d’ici vont jusqu’au centre ville, en fait il faut pas croire parce que c’est la même rue que c’est à côté. Ici la plupart des rues sont des « petites » rues à sens unique, sans marquage au sol (ça fait des économies), en fait elles sont plus large qu’une route normal à 2 voies française, de chaque côté il y a des voitures garées, l’une derrière l’autre, bien que je n’ai pas vu de policier, et au milieu il y a la place pour les voitures qui passent et même quand une voiture est à l’arrêt en double file et un peu serrée, ceux qui passent peuvent la doubler sans problème. Je n’ai pas encore vu d’altercation entre conducteurs.


Pour ce qui est des voitures, ici il y a beaucoup de « trucks » (comprenez pick-up), Dodge, Ford, Chevrolet, GMC, quelques Nissan, les Hummer ou les Grand Cherokee paraissent petits à côté. Pour ce qui est des berlines beaucoup de japonaises : Honda et Toyota principalement, et surtout des américaines : Dodge, Chevrolet, Oldsmobile et des autres marques que je connais pas, peu d’européennes et seulement des grosses Mercedes ou Audi.


Dans les magasins ils y a un très grand choix, en général 10 sortes ou plus d’un produits, certaines choses sont un peu déconcertantes pour un Français, il y a un grand choix de farines, toutes complètes avec des trucs en plus, de blé, de maïs, de pomme de terre ; par contre peu de choix de sucre, pas de sucre vraiment complet (étonnant pour un pays producteur de sucre) ; le chocolat en tablette ou en bouteille (pas en poudre) pour faire du chocolat au lait ou pour mettre sur un peu tout c’est Hershey (le nom d’un ville pas loin de Philadelphie où il y a une grande marque de chocolat du même nom). En général les produits dans les magasins coûtent moins cher qu’en France et en plus ils sont vendus dans des quantités doubles ou plus.


Comme c’est bientôt halloween beaucoup de maisons sont décorées et on se croirait dans un dessin animé. Il y a beaucoup d'églises, avec des cimetières à côté, beaucoup d'écoles et de jardins d'enfants, mais peu de bâtiments publics (mairies, préfectures, etc.).


vendredi 3 octobre 2008

Le débat des candidats vice-présidents

Je viens de regarder le débat entre les deux candidats à la vice-présidence, Sarah Palin et Joe Biden. Je trouve que Sarah Palin l’a emporté sur toute la ligne, elle avait un discours clair, elle savait ce qu’elle disait, elle parlait vrai. Dans un style très sympathique, d’ailleurs ma propriétaire l’a rencontré il y a quelques jours au centre-ville de Philadelphie et elle l’a trouvé aussi très sympathique et qui reste à la portée des gens, elle ne se sent pas supérieure, elle est étrangère à cette classe de politiciens de Washington, elle l’a d’ailleurs dit ce soir. Pour ceux qui disaient que Sarah Palin n’était pas au point sur ses dossiers et qu’elle était sur le point de craquer le démentit est indiscutable.


J’ai trouvé que Biden était constamment sur la défensive, soit en défendant son « ticket » -- lui et Obama -- en expliquant qu’ils allaient pas faire ce qu’on croyait qu’ils allaient faire, en expliquant qu’ils allaient créer des emplois en augmentant les impôts et développer l’indépendance énergétique des Etats-Unis -- alors qu’ils ont toujours été contre les recherches et les exploitations pétrolières, gazières ou de charbon en Amérique… Soit en essayant de convaincre les gens que John McCain n’était pas celui qu’il prétend -- le « maverick » (on peut le traduire par franc-tireur). Or on connaît McCain, il a une histoire derrière lui et les Américains, comme les journalistes, peuvent aisément constater que son discours et celui de sa colistière sont cohérents -- même si ils ne plaisent pas à tout le monde. Franchement je cherche toujours le discours d’Obama…

jeudi 2 octobre 2008

Octobre 2008, élection présidentielle dans un mois


Ce soir, aura lieu le débat entre Sarah Palin et Joe Biden, les deux candidats à la vice-présidence. Laissons-là les suppositions sur ce débat, on verra sur place et je vous ferai un compte-rendu après.

Pour l’instant il me semble utile de faire le point sur deux sujets importants qui sont au cœur de l’actualité et qui sont mal compris des Français. Le premier a été abordé lors du débat présidentiel de vendredi dernier, il s’agit de la finalité de l’engagement militaire américain dans la guerre contre la terreur. Le second est en train de se développer, il s’agit de la crise financière, qui en est responsable et comment la résoudre. J’ai eu la chance de visionner l’intégralité du débat McCain-Obama, à tête reposée et en Américain.

Donc le point qui m’a semblé le plus important dans ce débat -- dont le sujet défini à l’avance était la politique étrangère -- fut la vision différente des candidats sur la guerre contre la terreur et de son pendant irakien. John McCain a expliqué aux Américains la position que je défend depuis longtemps sur le blog des Amis du Parti Républicain (http://ffgop.canalblog.com/), à savoir qu’une issue victorieuse de la guerre contre la terreur passe obligatoirement par la promotion de la démocratie au Moyen-Orient et que la victoire de la démocratie en Irak est une grande défaite pour al-Qaida. Que la victoire en Irak va aussi avoir des conséquences positives sur la situation en Afghanistan, et notamment parce que le général David Petraeus, qui était le commandant de la Force multinationale en Irak et l’artisan de la nouvelle stratégie contre-insurrectionnelle qui a conduit à la victoire en Irak, a pris le commandement du Central Command, le commandement américain pour tout le théâtre d’opération du Moyen-Orient. Barack Obama a défendu les idées qu’il défend depuis longtemps, il a dit que la guerre contre le terrorisme n’avait rien à voir avec l’Irak et que les Américains n’avaient rien à y faire. McCain lui a fait remarqué que le général Petraeus n’était pas de cet avis.

Honnêtement j’ai trouvé le discours de McCain plus cohérent, Obama paraissait plus à l’aise pour s’exprimer et pour faire ses démonstrations, mais il est apparu aussi moins sûr de ses choix et des raisons de ses choix. Maintenant en quoi cela va-t-il jouer ? Peut-on dire qu’il y a un gagnant et un perdant à l’issue de ce débat ? Je pense qu’il est trop tôt pour le dire.

Le second point que je voudrais aborder est celui de la crise financière. Actuellement, on entend beaucoup les Démocrates, dont Nancy Pelosi, qui mettent sur le dos des Républicains la crise. Or de plus en plus de gens connaissent la vérité et savent que cette crise est le fruit de d’une politique menée par l’administration Clinton et que les Démocrates ont toujours soutenue au Congrès même lorsque des Représentants républicains ont tirés la sonnette d’alarme.

Il faut bien voir qu’ici aux Etats-Unis, ce n’est pas le Président, ni son gouvernement (« l’administration ») qui décident -- ce sont eux qui exécutent la loi -- mais c’est le Congrès qui vote la loi, et dans le cas présent, comme le Congrès a longtemps été démocrate la marge de manœuvre de George W. Bush et des Républicains étaient très étroite.

Maintenant il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine campagne présidentielle, dans la dernière ligne droite où chaque candidat essaye de récupérer l’évènement à son avantage, en plus comme les élections se passe toutes en même temps, les Représentants et les Sénateurs qui sont en campagne aussi refusent de voter un plan qui ferait payer les erreurs des dirigeants par le peuple tout en leurs laissant la possibilité de refaire les mêmes erreurs. Un système qu’en France on appelle « responsable mais pas coupable », mais que le fréquent retour devant les électeurs, et le fait que les votes au Congrès ne sont pas secret, limite ici très sérieusement.