dimanche 9 novembre 2008

L'armée irakienne en héritage

Alors que l’Amérique se prépare à un transfert de pouvoir démocratique d’une administration républicaine à la nouvelle administration démocrate, la question de l’avenir de l’Irak reste posée. Lors de la campagne la position de Barack Obama était fermement arrêtée sur un retrait rapide, cependant le sujet de l’attitude des Etats-Unis par rapport au gouvernement irakien et à ses forces de sécurité -- les Américains vont-ils cesser de soutenir cette composante clé dans la guerre contre la terreur ? -- n’est pas très clair. Il semble peut probable qu’on assiste à un virage à 180° de la part de la nouvelle administration alors que la guerre est gagnée.


Un point sur l’état actuel des forces de sécurité irakiennes s’impose. Depuis mon dernier article en mars (http://ffgop.canalblog.com/archives/2008/03/19/8389107.html), il y a eu quelques changements. Les forces de sécurité relèveront maintenant de trois ministères : celui de la défense (pour les forces terrestre, aérienne et la marine) ; de l’intérieur (pour la police nationale, les unités de police locales et les gardes-frontières) et enfin d’un ministère de lutte contre le terrorisme qui est en cours de création (il regroupera les forces d’opérations spéciales qui sont actuellement rattachées au ministère de la défense et les forces d’intervention d’urgence qui dépendent de chaque provinces et sont actuellement rattachées au ministère de l’intérieur). Cette nouvelle assignation devrait permettre une plus grande efficacité tout en améliorant la balance des pouvoirs au sein des institutions irakiennes et évitant ainsi les risques de dictature militaire.


Vous avez sûrement constaté qu’on ne parle plus de l’Irak aux infos… La plupart des spécialistes s’accordent pour dire que la situation s’améliore et que la démocratie se met en place. Quelle démocratie ? Alors que des élections provinciales sont prévues dans les mois qui viennent, toutes les villes, tous les villages, toutes les communautés ont vu des organes représentatifs se mettre en place. Beaucoup d’établissements scolaires sont reliées à internet, beaucoup sont jumelés avec des écoles américaines, les cours d’anglais ont pris une proportion considérable. Différentes associations assurant la promotion des femmes se sont créées. Des milliers d’associations civiles américaines se sont investies en Irak, des ONG de premier secours, des associations pour aider au « nation building », différents jumelages, d’écoles, de stations de pompiers, de villes… Une société civile irakienne est née et se développe.


L’unité nationale se remet en place, on peut dire que les différentes communautés irakiennes n’ont jamais vraiment été séparées, peut-être que les pouvoirs locaux avaient pris plus d’importance à mesure que le gouvernement national était faible. Le développement d’un gouvernement central fort et démocratique ouvre aujourd’hui à l’Irak les portes d’un avenir prospère. Une grande part de l’unité nationale est conférée par les forces irakiennes de sécurités. En effet, celles-ci, mis à part une entité kurde qui conserve encore une certaine indépendance acquise par 15 ans d’autonomie, sont un mélange des communautés, des officiers kurdes, sunnites ou chiites se retrouvent dans toutes les unités de l’armée et de la police nationale. Si certaines unités ont des effectifs plus important de l’une ou l’autre des communautés cela est dû essentiellement aux régions de leurs recrutements, mais toutes les unités sont en fait pluriethniques et multiconfessionnelles.


Les forces de police se développent, les unités locales chargées des tâches civiles de ce qu’on peut appeler la police « traditionnelle » ou « occidentale » sont en cours de formation à partir des officiers formés par les nouvelles écoles régionales, avec notamment des standards éthiques et de respect des droits de l’homme à l’image de la police américaine. C’est un élément clé de la mise en place d’une société démocratique, des femmes y sont intégrées en nombre significatif (http://thesop.org/index.php?article=1290). Les unités de police nationale et d’intervention, qui participent directement aux combats contre le terrorisme, et ont donc des structures plus militaires, accueillent en grand nombre les anciens soldats des forces armées de Saddam Hussein. La force aérienne irakienne se prépare à une renaissance dans les années à venir, des commandes d’avions de combat F-16, d’hélicoptères Bell 407, EC-635 et Gazelle ainsi que d’avion de transport C-130J et d’avions d’entraînement T-6 sont annoncées (http://www.longwarjournal.org/archives/2008/11/plans_for_iraqi_air.php). De nombreux anciens pilotes de l’ancien régime ont repris du service et les écoles et centres de formation mis en place par la coalition sont à présent opérationnels.


L’armée irakienne compte aujourd’hui 17 divisions, et il est probable que trois autres seront crées ou transférées du gouvernement régional kurde, pour obtenir l’équivalent de cinq corps à quatre divisions, ce qui semble être le standard actuel, à savoir une force d’action rapide (FAR) à quatre divisions et quatre corps d’armée territoriaux à quatre divisions chacun. Deux des divisions officielles sont des unités kurdes en cours de transfert d’autorité du gouvernement régional kurde, mais on sait que le gouvernement kurde disposent encore d’unités militaires qui à terme doivent être rattachées à l’armée nationale de l’Irak, les deux dernières divisions crées au niveau national (17ème et 18ème divisions) intègrent des éléments kurdes et il est probables que les nouvelles divisions qui seront crées fassent de même et qu’on ait pas de transfert d’unités complètes qui posent des problèmes de loyalisme. Aujourd’hui, chaque divisions a une zone territoriale qui a en principe servit de base à son recrutement et qu’elle doit protéger, mais les camps d’entraînements qui sont maintenant en place et les écoles d’officiers ne sont pas rattachés aux divisions et n’ont pas d’attaches territoriales. Donc les soldats affectés à chaque division proviennent en fait de tout l’Irak. A terme, chacune doit devenir modulaire comme dans l’armée américaine, et donc chaque brigade ou bataillon doit pouvoir être rattaché à n’importe quelle division.


Aujourd’hui quatre divisions sont dites « d’intervention rapide », il est probable qu’elle forme l’ossature d’une FAR nationale qui s’ajouterait au quatre corps d’armée annoncés. Ces divisions sont : la 1ère, la 4ème, la 7ème et la 9ème divisions de l’armée irakienne (DAI). Ces unités pourraient à terme ne plus couvrir de zone territoriales. On compte ensuite quatre groupements territoriaux qui pourraient devenir des corps d’armée, vu que l’armée irakienne doit compter quatre corps d’armée d’après les prévisions officielles. Le développement des forces aériennes laisse prévoir cinq brigades d’hélicoptères qui appuieraient les corps d’armée, cela conforte les prévisions de cinq corps d’armée, quatre territoriaux et la FAR.


Au Nord-Ouest, du Nord du Kurdistan jusqu’en Anbar, les 2ème, 3ème et 15ème DAI forment un groupement, la 2ème division, actuellement déployée à Mossoul, est très aguerrie et en sureffectif, il est question de la transférer en Anbar pour la réentraîner et de la transformer en unité « commando », c'est-à-dire à vocation aéromobile, si le standard d’une division commando par corps est respecté. Il est probable que la 2ème division, qui est l’unité en sureffectif de la zone donne naissance à la quatrième division du corps d’armée qui pourrait couvrir la province d’Anbar puisque actuellement il n’y a plus d’unité territorialement rattachée à cette province. La 3ème division, déployée en Ninive fait face à la Syrie. La 15ème division, en cours de transfert, est une unité de montagne qui couvre le Nord du Kurdistan autour de Dahuk, face aux frontières turque et iranienne.


Au Nord-Est, les 5ème, 12ème et 16ème DAI forment un groupement qui pourrait être renforcé par des unités actuellement sous l’autorité du gouvernement régional kurde et est sûrement la base d’un corps mécanisé qui assurera la sécurité de l’Irak et de Bagdad face à l’Iran. La 5ème division qui achève la sécurisation de la province de Diyala, entre Bagdad et la frontière iranienne est une des unités qui a connu le plus de combat de l’armée irakienne. La 12ème achève son réentraînement car elle est formée d’unités auparavant destinées à la défense statique des pipelines, elle est en sureffectifs. C’est le cas aussi de la division qui couvrait la zone, la 4ème, et qui est maintenant rattachée à la FAR. La 16ème division est quant à elle une unité de montagne kurde en cours de transfert qui couvre le Sud du Kurdistan autour de Sulaymania. Il est probable qu’une nouvelle division soit crée à partir des sureffectifs et d’unités kurdes pour couvrir Kirkuk.


S’étendant sur la capitale et vers le Sud, un groupement comprenant les 6ème, 11ème et 17ème DAI existe aujourd’hui, il est possible qu’une autre division soit formée pour couvrir le Sud-Est de Bagdad, et ainsi agrandir la zone du corps armée de Bagdad et réduire un peu celle du corps d’armée Sud qui pourrait plus efficacement couvrir sa zone. Le PC de la 6ème division est relocalisé à Taji, tandis que le Sud-Ouest de la ville est à présent couvert par la nouvelle 17ème division commando, créée à partir d’unités très entraînées issue des 6ème, 11ème, 8ème DAI et d’unités commandos kurdes. La 11ème division qui couvre l’Est de la capitale va probablement être transformée en division blindée et il est probable qu’une quatrième division s’ajoute au corps d’armée de la région de Bagdad.


Le quatrième groupement qui deviendra sûrement un corps d’armée est le « groupement Sud », qui avec la création en cours de la 18ème DAI à Maysan, a atteint la force de quatre divisions. Ce groupement comprend la 8ème DAI qui est une division commando, qui couvre actuellement une grande région au sud de Bagdad de la frontière saoudienne à la frontière iranienne et pourrait avoir une zone de responsabilité un peu moins étendue si celle du corps de Bagdad s’étend. La 10ème division couvre ensuite le Sud-Ouest de cette région, la nouvelle 18ème division qui se met en place à l’Est de la 10ème fera face à l’Iran. Enfin l’extrême Sud du pays, avec la ville de Bassora est couvert par la 14ème division.


Le commandement des forces terrestres irakiennes compte donc 17 divisions actuelles, réparties en une FAR et quatre groupements territoriaux, des unités appartements directement à ces corps d’armées sont en cours de formations. Les divisions sont actuellement réparties comme ceci, les 1ère, 2ème, 4ème, 6ème, 8ème, 17ème et 18ème sont des divisions d’infanterie/commando. Les 3ème, 5ème, 7ème, 9ème, 10ème, 11ème, 12ème et 14ème sont des divisions blindées/mécanisées. Et les 15ème et 16ème sont des divisions de montagne. Des commandes de chars M-1 et de LAV sont déjà officielles, l’armée irakienne est donc bien en passe de devenir un acteur régional majeur et probablement un atout dans la guerre contre la terreur. A condition que le prochain président américain ne veuille pas se retirer trop vite.

mercredi 5 novembre 2008

Le choix populaire

Je suis un inconditionnel de la démocratie, le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, même si le choix n’est pas le mien… Il ne faut rien dramatiser, les Etats-Unis sont une fédération décentralisée et appliquent la séparation des pouvoirs. C'est-à-dire que ce n’est pas demain la veille que Barack Obama ou le Parti Démocrate pourront interdire les armes par exemple. Tous les spécialistes des Etats-Unis savent que les décisions prise par le gouvernement et qui s’appliquent à la société ne peuvent être appliquées que si elles sont le fruit d’un large consensus.

Au niveau international, les officiers de l’armée et par exemple le général Petraeus reste en poste et la stratégie ne changera pas totalement du jour au lendemain. Il va bien falloir que Barack Obama, maintenant qu’il est élu, mette à jour sa stratégie, on ne vit pas dans un monde où « tout le monde est beau et gentil », discuter avec tout le monde c’est bien, mais est-ce que cela résout les problèmes ?


J’ai toujours été pragmatique, je jugerai les actions de l’administration Obama sur pièce, en souhaitant le meilleur pour l’Amérique et le monde.