mercredi 30 juin 2010

L'Iran au cœur de la cible


En ce début d’été 2010 de nombreuses informations apparaissent laissant penser que les frappes aériennes prévues depuis plusieurs années sur l’Iran et ses installations nucléaires pourraient avoir lieu prochainement. Dans cet article, différentes informations sont données, et plusieurs hypothèses crédibles sont énoncées, destinées à replacer ces informations dans leur contexte et à analyser les conséquences qui peuvent découler.

Le postulat initial est la volonté de la communauté internationale d’aboutir, cette volonté ne semble faire aucun doute même si un accord reste toujours possible. La question de l’intensité des frappes et de savoir si elles impliqueront le recours à des troupes au sol reste posée. La question de savoir si le régime iranien sera renversé, et par qui, l’est aussi. Y aura-t-il engagement massif des troupes alliées au sol comme en Irak en 2003, ou simple soutien à une coalition anti-gouvernementale comme en Afghanistan en 2001 ?

Les informations dont nous disposons nous laissent croire, en tout cas, que le temps de l’action se rapproche à grands pas.


1) Petraeus :


  • David Petraeus est le militaire américain qui a le mieux compris la guerre pour la démocratie menée au Moyen-Orient. La justesse de ses choix et ses qualités de commandement ont permis la mise en place d’un Irak démocratique qui s’appuie sur de puissantes forces de sécurité qu’il a contribué à créer en tant que commandant du MNSTC-I (1) de juin 2004 à septembre 2005.

  • Dans le combat en cours, l’objectif n’est pas militaire, il est politique. Il n’est pas seulement de faire tomber des régimes totalitaires ou de conquérir des territoires, il est de changer la vie de millions de personnes en les libérant et en leur permettant d’accéder à des institutions démocratiques. Le combat va-t-il se poursuivre en Iran ?

  • 23 juin 2010, nomination de David Petraeus comme commandant direct en Afghanistan en plus du commandement du Central Command. C’est le plus apte actuellement à mener une guerre victorieuse contre l’Iran. On peut noter que l’article de Rolling Stone (2), officiellement cause de la démission de McChrystal, est surprenant, ainsi que ses conséquences… On peut se demander jusqu’à quel point tout ça n’est pas un montage pour cacher l’unification du commandement sous les ordres de Petraeus pour mener la guerre en Iran.

  • Le 16 mars 2010, Petraeus a désigné l'Iran comme « un État représentant un niveau de menace de premier ordre » au Proche-Orient. Il a dit au comité des forces armées du sénat américain que l'Iran par ses efforts pour se doter d'armes nucléaires, menace la sécurité dans toute la région, suscite une large course aux armements, et utilise ses forces paramilitaires (services spéciaux) pour déstabiliser l'Irak, le Liban, la Syrie, Gaza, l’Afghanistan et la région du Golfe et soutenir des organisations terroristes. Il a confirmé que le Président Obama n’a pas écarté l’idée d’une intervention militaire contre l’Iran. « Personne ne peut dire que l’Iran n’a pas eu toutes les occasions possibles […] Nous lui avons tendu la main et il ne l’a pas saisie ».


2) Consensus international :


  • Le consensus international est large, l’Europe, Israël, les États-Unis, les pays du Golfe derrière l’Arabie saoudite, les voisins directs de l’Iran (Azerbaïdjan, Arménie, Irak, Afghanistan) et la Russie. Tous ces pays se sentent menacés par les volontés expansionnistes de la révolution islamique : la volonté iranienne de fabriquer la bombe atomique n’étant que l’aboutissement d’une politique d’exportation de la révolution islamique commencée dès 1979 par Khomeiny.

  • La résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations unies montre l’adhésion de la communauté internationale à la volonté d’agir et lui permet d’engager une action militaire.

  • Le contentieux franco-iranien sur le nucléaire, et la campagne d’attentats terroristes iraniens des années 80 qui en a découlé, renforce la coalition. Il n’y a pas de risque que la France se désolidarise des autres pays occidentaux comme en 2003 face à l’Irak.

  • Selon plusieurs indices Américains, Israéliens, Britanniques et Français (3) s’entraînent actuellement en commun pour réaliser les frappes aériennes dans de nombreux exercices.


3) Indices factuels :


  • Concentration de forces navales alliées au large de l’Iran. L’exercice Rimpac 2010 (4) a permis la concentration de forces très importantes sans éveiller les soupçons. Il y a quelques jours, la traversée du canal de Suez par des forces importantes américano-israéliennes (5) a été interprétée par certains comme un renforcement face à l’Iran. Selon d’autres ces bâtiments font route vers le Pacifique pour participer à l’exercice Rimpac. De toute façon, les porte-avions américains participant à Rimpac doivent officiellement relever fin août la Cinquième flotte dans le Golfe. En comptant les portes–avions anglais et français positionnés face au Pakistan, une dizaine de groupes aéronavals alliés devraient alors être à proximité de la Mer d’Oman. Le site internet de l’exercice Rimpac ne mentionne pas de participation israélienne, il est donc possible de supposer que le convoi du canal de Suez n’est pas prévu pour Rimpac, va-t-il directement se placer face à l’Iran ? On peut également se poser des questions sur la durée de l’exercice Rimpac : se termina-t-il en août, ou avant ?

  • Possibilité de déploiement des avions israélien en Arabie saoudite. Plusieurs sources font mention de discussions entre Saoudiens et Israéliens, de l’accord des Saoudiens pour l’utilisation de leur espace aérien par les avions israéliens et de déploiement de matériel israélien sur des bases saoudiennes (base de Tabouk au nord-ouest de l’Arabie saoudite (6)). Sur cette question de nombreux avis s’élèvent pour dire qu’une coopération israélo-saoudienne est impossible, notamment au nom de la religion. Il faut se souvenir qu’un des alliés principaux de l’Iran islamique pendant la guerre Iran-Irak était Israël. On peut dire également que permettre aux avions israéliens de se servir des bases saoudiennes ne serait pas pire que de permettre aux milliers de soldats “infidèles” de stationner en Arabie lors de la guerre du Golfe de 1991. Enfin il faut être réaliste, toutes les guerres dites de religion, comme celles qu’a connues la France au XVIe siècle, ne sont que des guerres entre des intérêts nationaux. Et dans le cas présent les Saoudiens ont besoin des Israéliens pour arrêter le programme nucléaire iranien.

  • Possibilité de déploiement israélien en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan (7). Il est probable qu’il s’agisse de forces spéciales en nombre limité, leur mission peut être de soutenir des forces de la résistance anti-gouvernementale iranienne et/ou de guider des raids aériens et aussi de secourir d’éventuels équipages éjectés.

  • Probabilité de déploiement israélien au Kurdistan irakien. Il existe des liens forts entre Israël et les Kurdes, PDK, UPK, organisations nationalistes kurdes en Iran et PKK, ce qui expliquerait d’ailleurs en partie l’attitude turque, car elle se sent menacée par la montée en puissance des Kurdes.


4) Hypothèse sur la rupture entre la Turquie et Israël :


  • L’alliance entre la Turquie et Israël est ancienne et importante, le rapprochement entre Ankara et Téhéran ne va pas de soi, malgré une tendance à la radicalisation, la Turquie a peu de chose à voir avec la révolution islamique. L’armée turque qui a encore un grand pouvoir ne s’est pas vraiment opposée à la politique actuelle anti-israélienne. Pourquoi ?

  • On peut émettre une hypothèse : l’invasion de l’Irak et sa stabilisation s’est fortement appuyée sur les Kurdes (voir notamment mon article sur les peshmergas dans le magazine ASSAUT n°49). Il est probable que les Américains et les Israéliens s’appuient sur les Kurdes iraniens aux fins de favoriser une révolution démocratique en Iran. La Turquie voit sûrement ça d’un très mauvais œil car des Kurdes dotés de larges pouvoirs en Irak et en Iran soutiendraient d’autant plus l’émancipation de leurs frères syriens et turcs. Hors, en Turquie environ 25 % de la population est kurde et tout l’Est montagneux du pays est revendiqué par les Kurdes de Turquie. L’armée turque est aux premières loges du combat contre le séparatisme kurde (mené par le PKK en Turquie), ça pourrait être une explication de son attitude, à savoir son consentement à l’abandon de l’alliance israélienne et au rapprochement avec les mollahs iraniens.


5) Contexte mondial :


  • La crise économique bat son plein en Europe et aux États-Unis : les gouvernements européens et celui des États-Unis peuvent trouver très intéressant de détourner l’attention de l’opinion publique de la crise et de leurs responsabilités dans ses causes et dans sa gestion désastreuse.

  • Dans le cas particulier des États-Unis, Obama est dans une impasse : sa politique économique est un échec, son ouverture aux régimes antiaméricains a été perçue, ce qui était prévisible, comme une faiblesse. D’autre part les militaires américains, comme l’a montré la polémique qui a abouti au limogeage du général McChrystal (8), critiquent le manque de détermination de l’administration Obama.


6) Participation israélienne :


  • En 1991, la stratégie adoptée par les États-Unis était que “l’intérêt bien compris d’Israël” était de faire profil bas. Le résultat n’a pas vraiment été au rendez-vous puisque la “condamnation” par les islamistes de l’engagement occidental au secours de l’Arabie saoudite a abouti au 11 septembre.

  • Il est possible que cette fois la donne soit différente. D’une part, Israël étant la première cible d’une bombe atomique iranienne, il est certain que pour s’assurer que le risque soit totalement écarté, les Israéliens, dont on connaît la sensibilité sur les questions de sécurité, voudront participer. Ensuite, la maîtrise et l’expérience des pilotes israéliens sur ce théâtre, notamment pour effectuer des frappes aériennes de grande précision contre des objectifs camouflés, les rendent indispensables.

  • Enfin, en se montrant publiquement comme les défenseurs d’un intérêt commun avec les Arabes, les Israéliens feraient une énorme opération psychologique. Aux yeux des foules arabes Israël ne serait plus chargé de tous les méfaits mais deviendrait celui qui leur a sauvé la mise. C’est ce que cherche tous les promoteurs de la paix entre Israël et ses voisins depuis les accords de Camp David il y a 30 ans, que les Arabes comprennent qu’ils ont intérêt à avoir un État d’Israël fort présent à leurs côtés.


Ceci est une analyse des faits actuels. L’imminence de la guerre avec l’Iran n’est pas une certitude. En rapprochant les discours des pays occidentaux, le fait que l’armée américaine à présent retirée d’Irak dispose de nouveau d’une grande liberté d’action, le fait que la population iranienne soutien moins que jamais le régime de Téhéran et le fait que le risque de voir l’Iran doté de l’arme atomique se renforce chaque jour un peu plus, on obtient un faisceau de présomptions digne d’intérêt.


(1) Voir l’article de Wikipedia sur le MNSTC-I : http://en.wikipedia.org/wiki/Multi-National_Security_Transition_Command_%E2%80%93_Iraq.

(2) Lire l’article : http://www.rollingstone.com/politics/news/17390/119236.

(3) Voir l’article : La France participe aux préparatifs de guerre contre l’Iran (http://www.egaliteetreconciliation.fr/La-France-participe-aux-preparatifs-de-guerre-contre-l-Iran-3526.html).

(4) Voir le site de l’exercice : http://www.c3f.navy.mil/rimpac_2010.html.

(5) Voir l’article : Une armée de navires américains et israéliens se dirigent vers l’Iran (http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=DEL20100620&articleId=19818).

(6) Voir l’article : De nouveau l’Arabie pressentie : une base militaire israélienne à Tabouk ? http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=MAZ20100624&articleId=19889.

(7) Voir l’article : Iran on war alert over "US and Israeli concentrations" in Azerbaijan (http://www.debka.com/article/8868/).

(8) Sauf si celle-ci est un bluff chargé d’induire en erreur l’ennemi, mais l’action actuelle de l’administration Obama, et notamment les désaccords stratégiques entre ses membres, est critiquée par les milieux militaires américains.

lundi 14 juin 2010

Les forces françaises de défense



Idées directrices :

  • Les forces françaises de défense assurent la défense de la population française, de ses intérêts directs et de la souveraineté de la France. Le Parlement décide et contrôle la politique nationale de défense. Le Parlement et le Conseil national de Défense définissent le fonctionnement des forces armées.
  • L’armée française agit sous les ordres du Président de la République, chef des armées, conseillé par le Conseil national de Défense.
  • Le Ministère de la Défense est responsable de l’organisation, de l’équipement et du soutien des forces.
  • La France fait partie de l’OTAN et coopère avec les forces armées des États démocratiques les plus proches de la France et de son identité culturelle (Royaume-Uni, Italie, Suisse, Belgique, Allemagne, Canada, Israël, États-Unis, autres pays de l’OTAN, Japon, Australie, Corée du Sud).
  • Réformer les forces de défense pour obtenir des unités plus opérationnelles, plus dynamiques, plus modernes et plus économiques. Optimiser les dépenses pour obtenir la meilleure défense possible en prenant en compte les contraintes économiques.

Organisation :

  • Unification de l’armée
  • Un commandement interarmées assure la mise en œuvre des directives du Conseil national de Défense.
  • Des commandements pour les forces terrestres, aériennes et navales lui sont subordonnés, ils assurent l’organisation et l’équipement des forces.
  • Un commandement de la garde nationale et des réserves assure le commandement des forces de défense du territoire et de secours à la population.
  • Un commandement national des opérations assure la coordination des forces françaises sur le territoire national en liaison avec les structures de commandement de l’OTAN.
  • Un commandement des opérations extérieures assure le commandement de toutes les forces françaises engagées hors du territoire national.
  • Un commandement du soutien logistique assure le soutien unifié de toutes les forces de défense.
  • Un commandement de l’entraînement et de la doctrine assure la formation initiale et l’entraînement. Il englobe toutes les écoles et les centres d’entraînement des forces de défense.
  • Un commandement des opérations spéciales assure le contrôle des forces d’opérations spéciales.
  • Un commandement stratégique assure la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire.

Missions :

  • Assurer la défense des intérêts vitaux de la nation définis par le Parlement et la Constitution.
  • Assurer le secours et le soutien de la population civile, des infrastructures et de l’administration sur le territoire français (secours en cas de catastrophes, secours en montagne, lutte contre les incendies, défense NRBC).
  • Assurer la défense directe du territoire sur le modèle de la défense sectorielle de l’armée suisse.
  • Assurer le déploiement de forces militaires à l’étranger dans le cadre d’opérations nationales ou multinationales avalisées par le Parlement.

Armements :

  • Disposer d’armements de pointes, permettant de remplir les missions attribuées par la nation au meilleur rapport qualité / prix.
  • Loi sur le modèle canadien favorisant l’achat de matériel étranger en échange d’investissement dans les entreprises françaises d’armement.

Méthodes :

  • Une armée moderne, efficace, dynamique, disponible, sportive (méthodes Bigeard), des unités plus ramassées, une puissance de feu et des moyens.
  • Des standards de formation et d’entraînement équivalents aux plus hauts standards occidentaux. Tous les officiers et tous les pilotes reçoivent une formation des pratiques et des tactiques des fantassins parachutistes.
  • S’inspirer des méthodes organisationnelles, d’équipement, d’armement et de mise en œuvre, des armées israélienne, américaine, allemande, britannique, suisse et canadienne.
  • Méthodes commerciales civiles pour les développement et achat de matériels.
  • Privatisation et sous-traitance des tâches non militaires et non opérationnelles.

Mise en œuvre :

  • Programme de rééquipement individuel du soldat à l’exemple du programme canadien, nouveau camouflage, nouvelles armes individuelles (peut-être FN SCAR), nouveaux équipements individuels.
  • Nouveaux armements acquis sur étagères avec une loi de retour d’investissements comme au Canada (priorités : véhicule de reconnaissance / patrouille comme le LMV ou le Eagle IV, véhicule protégé contre les mines type DURO, camions type FMTV).
  • Hélicoptères : légers de reconnaissance missions type Gazelle / Kiowa, assaut missions type UH-60, moyens / lourds missions type CH-47 / CH-53.
  • Achat de véhicules blindés pour remplacer les AMX-10RC et les VAB.
  • Achat de véhicules blindés pour des rôles équivalents aux Rooikat sud-africains, CV90 suédois, Namer et Merkava israéliens.