lundi 18 avril 2005

George W. Bush et la propagande française

Le président américain serait, à en croire beaucoup de médias, un idiot et un raté, un fanatique à peine plus fréquentable qu'Oussama Ben Laden et le principal danger de déstabilisation pour le monde dans les années à venir. Selon certains plus modérés, il est un « étatiste-conservateur » d'une droite extrême comme on n'en connaît pas en Europe.

A l'heure où les projets de démocratisation du Moyen-Orient enclenchés par George W. Bush commencent à prendre forme, il semble urgent de rétablir les faits et de franchir le rideau de fumée de la propagande anti-américaine (qui n'est malheureusement pas une exception française) (1).

George W. Bush, candidat du Parti Républicain, a gagné les élections présidentielles en 2000 à la suite d'un scrutin très serré qui lui a finalement donné plus de grands électeurs que son adversaire puisque les élections présidentielles américaines sont au suffrage universel indirect. Il faut ici rappeler quelques réalités américaines largement ignorées en France. Les adversaires lors des élections aux Etats-Unis se livrent une lutte sans merci, encore envenimée par la liberté d'expression et la liberté de la presse. Les pires dénigrements circulent sur le candidat adverse dans le but de mobiliser son camp et déstabiliser l'opposé. Or en France seuls les arguments démocrates -- et les plus malhonnêtes -- ont été relayés.

Le président Bush est né le 6 juillet 1946, à New Haven, Connecticut, et a grandi à Midland, Texas. Il a obtenu son diplôme de Bachelor [équivalent de licence] en Histoire à l'Université de Yale en 1968 et a ensuite servi comme pilote de chasse sur F-102 dans la Garde Nationale du Texas. Il a reçu un Master of Business Administration de l'école de commerce d'Harvard en 1975. Il a travaillé dans le commerce énergétique avant d'être élu gouverneur du Texas en 1994. Il est le 43ème président des Etats-Unis après avoir été pendant 6 ans gouverneur du Texas où sa politique fut basée sur les principes d'un Etat limité, de la responsabilité personnelle, d'un renforcement des familles et du contrôle local. Il fut le premier gouverneur de l'histoire du Texas à être réélu.

La démocratie américaine fonctionne sur un système bipartite. Le Parti Démocrate et le Parti Républicain se partagent donc, au gré du choix des électeurs, les pouvoirs fédéraux. Le Parti Démocrate est pour une intervention plus active de l'Etat dans l'économie et la vie des citoyens américains, et le Parti Républicain, encore plus depuis Reagan, a fait sienne la devise du moins d'Etat. Le GOP (Grand Old Parti, nom du Parti Républicain) fondé dans les années 1850 devint un parti national avec l'élection d'Abraham Lincoln à la Maison-Blanche en 1860. Avec les présidents Eisenhower, Nixon, Ford, Reagan et Bush père et fils, le Parti Républicain a assuré le gouvernement des Etats-Unis durant 32 années sur 52 depuis 1953. Les représentants du Parti Républicains défendent une grande liberté du domaine économique mais ne sont pas pour autant issus de milieux plus favorisés que Kennedy ou Roosevelt.

Le programme du candidat Bush de 2000 tient principalement en trois volets. Développer la propriété privée et encourager les Américains à devenir propriétaires (programme A Home of Your Own, aujourd'hui 68 % des Américains sont propriétaires et le but est d'élargir la proportion) et accroître l'initiative privée, colonne vertébrale des réformes économique et sociales. Réformer l'éducation pour permettre à tous les enfants d'Amérique d'acquérir les bases indispensables de la vie dans une société moderne (programme No Child Left Behind, il s'agit principalement que tous les jeunes Américains sachent lire, écrire et compter en sortant de l'école). Et recentrer la politique étrangère américaine sur les valeurs de l'Amérique, la démocratie et la liberté, ce qui signifie moins de compromission avec des alliés de circonstance, une plus grande autonomie de la diplomatie américaine et une capacité d'intervention principalement basée sur les forces aéronavales et amphibies ce qui ne demande pas d'alliances contraignantes.

Les attentats sans précédent du 11 septembre 2001 vont bouleverser l'Amérique au plan de la vie de ses citoyens comme au plan de sa politique. George W Bush en tant que chef de l'exécutif, et conformément au rôle que lui définissent les institutions, va assurer la riposte de l'Amérique en fixant la doctrine Bush. Les Etats-Unis vont poursuivre et punir les responsables du 11 septembre. En déclarant : « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous », les Américains lancent une guerre universelle contre le terrorisme et refusent toute compromission avec ceux qui utilisent ces moyens. La « guerre préemptive » est à l'ordre du jour, c'est-à-dire frapper l'ennemi (dont la menace est avérée) avant que celui-ci ne prenne l'initiative.

La politique étrangère de l'administration Bush se centre surtout sur le monde musulman même si la conscience qu'en tant qu'unique superpuissance ils ont la responsabilité du monde entier est bien établie. Ils aboutissent à l'idée que le terrorisme islamiste, basé en particulier sur l'idéologie wahhabite, ne peut être vaincu que par un développement de la démocratie et de la liberté au coeur du monde arabo-musulman. L'Irak par sa positon centrale, par ses richesses naturelles et par le niveau de développement de sa population est le terrain idéal pour implanter une démocratie libérale que les élites américaines espèrent voir se propager dans tout le « Grand Moyen-Orient », qui va de la Mauritanie au Pakistan. Alors bien sûr aujourd'hui on peut encore pronostiquer l'échec de l'initiative américaine, mais il n'est pas interdit d'envisager sa réussite, chose qui changerait radicalement la face du monde et ouvrirait grand l'accès des livres d'histoire à George W. Bush.

En novembre 2004 les Américains en lui offrant un second mandat avec une avance en voix sur son adversaire jamais atteinte ont en tout cas montré qu'il était bien pour eux « the right man, in the right place, at the right time » (la bonne personne, au bon endroit, au bon moment). La politique étrangère déterminée par la doctrine Bush a été avalisée par le vote des électeurs. De nouvelles réformes économiques et sociales, qui avaient été retardées par les attentats et le début de la guerre contre le terrorisme et par la nécessaire relance de l'économie américaine fragilisée par le choc de l'attaque, sont en cours.

George W. Bush se place dans la lignée de Ronald Reagan et a l'intention de poursuivre la révolution libérale (traduction exacte du terme américain : conservative revolution). L'idée s'articule sur trois volets : « bâtir une société de propriété », pérenniser les réductions fiscales et reformer le code des impôts, et franchir une nouvelle étape dans la déréglementation. La privatisation de l'Amérique se joue tous azimuts, l'administration soutien l'accès à la propriété privée du plus grand nombre d'Américains possible, elle assure la promotion de l'initiative privée dans le domaine sociale, elle privatise le système publique de retraite (car les Américains ont deux retraites une par capitalisation et une par redistribution, et l'objectif du gouvernement actuel est de permettre à l'argent versé dans le cadre de la redistribution d'aboutir sur des comptes bloqués où les citoyens sont sûrs de retrouver leurs cotisations). Pour relancer l'économie américaine freinée par les attaques du 11 septembre 2001 l'administration a consenti de spectaculaires baisses d'impôts. L'objectif est a présent de les inscrire dans la durée et de rendre aux Américains la liberté d'utiliser leur argent comme ils l'entendent. La réforme du code des impôts doit permettre une simplification du système, une défiscalisation en faveur de l'investissement et à terme un rééquilibrage de l'impôt du revenu vers la consommation. Ces réductions et ce rééquilibrage ne se feraient pas à budget constant. Il s'agit clairement de réduire la place de l'Etat dans la vie des Américains et de promouvoir l'initiative individuelle. Les déréglementations accompagnent dans ce cadre tous les secteurs rendus à la libre initiative.

Voilà résumé en quelques phrases l'essentiel de la politique mise en oeuvre aux Etats-Unis par George W Bush. Un tir de barrage extrêmement nourri a été déclenché par tous les adversaires du libéralisme dans le but de désinformer l'opinion publique. Cette manœuvre à parfaitement réussit son objectif à court terme et particulièrement en France, la majorité des Français sont persuadés que George W Bush est très médiocre et surtout que sa politique n'est pas libérale.

La vérité c'est qu'il restera comme un grand président américain (3) qui a continué l'oeuvre de Ronald Reagan en réformant la couverture sociale (social security signifie système de retraite publique), la sécurité sociale étant désignée par le terme welfare state. George W Bush a déjà mené des réformes des systèmes Medicaid et Medicare et vise à accroître les initiatives privées (particulièrement celles basées sur la foi) dans le domaine social. Il a relancé l'économie et sa politique de libre-échange, tant dans le domaine des médicaments que celui des marchandises, obtient une baisse des prix favorable aux consommateurs américains. Mais c'est surtout dans le domaine de la politique étrangère que la différence avec les présidents Bush père et Clinton est le plus visible. La promotion de la liberté dans le monde a connu une accélération que Liberté Chérie apprécie à sa juste valeur. Même si tous les paris américains ne sont pas encore gagnés, les choses ont sans conteste changé dans un sens positif au Moyen-Orient. George W Bush a dit : « We go forward with confidence, because we trust in the power of human freedom to change lives and nations » (Nous allons de l'avant avec assurance, car nous avons confiance dans le pouvoir de la liberté humaine de changer les vies et les pays) (2). Le vent de la liberté souffle sur le monde et personne ne pourra l'en empêcher.


(1) Sur l'antiaméricanisme lire entre autre Jean-François REVEL, L'obsession anti-américaine, Plon, 2002.
(2) Discours à l'American Enterprise Institute sur l'avenir de l'Irak, 26 février 2003
(3) Les médias américains l'ont d'ailleurs d'ors et déjà classé comme révolutionnaire, voir par exemple Time magazine 27 décembre 2004 ou 18 avril 2005.

Sur le programme du second mandat de George W Bush consulter le dossier des Echos